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0N L’A FAITE !!!
Tout ça pour ça !
Jeudi 22 décembre 2016, soit16 jours et 8 heures après notre départ de Mindelo ( Cap vert ), nous jetons l’ancre dans la très belle baie de Sainte Anne, en Martinique. Notre transat est parvenue à son terme. Chacun de nous trois, à sa manière, manifestent des émotions intenses. Cris de joie, pleurs, bonheur…
Nous avons fait de nombreux calculs et approximations de timing pour atterrir en journée, mais nous sommes poursuivis par une malédiction. Depuis 18 ans que nous sillonnons la mer, 9 fois sur 10, nous arrivons dans les mouillages après la tombée de la nuit. Heureusement, nous maîtrisons, et les choses se passent plutôt bien, moyennant parfois quelques décharges d’adrénaline.
Ci-dessous, nous relatons sous forme de journal, le vécu de cette traversée.
6 décembre :
Nous avons largué les amarres pour la transat le 6 décembre à 11 heures. Sommes gonflés à bloc. Les alizés sont établis et nous poussent à 6 nœuds de moyenne vers "Le
Marin" en Martinique. Si tout va bien, nous serons arrivés un peu avant Noël.
La vie à bord s'organise et Alexis s'avère être une aide précieuse.
Nous avons déjà parcouru 140 miles. Il ne nous en reste plus que 2000...
Ce midi nous avons fait griller les poissons volants malencontreusement échoués sur le pont cette nuit.
7 décembre :
150, c'est la distance en miles nautiques parcourue cette deuxième journée, dans d'excellentes conditions. L'équipage ne s'est pas encore mutiné!
Recette à la gîte ce midi: Choux farcis et salade de fruits exotiques. Nous ne serons pas des candidats au scorbut...
Nous avons installé dans le carré un joli petit sapin de Noël givré avec des guirlandes fuchsia, ainsi qu'une crèche.
9 décembre :
4ème jour de navigation. Tout va très bien. Nous tenons la moyenne malgré un alizé plutôt indolent. Mais les fichiers Grib reçus par Iridium et le super routage de Greg nous laisse entrevoir un renforcement du vent d'ici 2 jours...
La pêche du jour : une dorade coryphène trop petite, remise à l'eau, et une bonite à dos rayé au 3/4 dévorée par un requin au moment où on la ramenait au bateau.
Obligé de se rabattre sur des maquereaux en boites...
5000, c'est, en mètres, la profondeur d'eau moyenne sous la coque de Maris Stella.
6, c'est le nombre de bateaux rencontrés depuis notre départ.
10 décembre :
Notre Transat se poursuit de la meilleure façon possible.
Aujourd'hui nous avons retardé nos montres d'une heure afin d'étaler le décalage horaire.
Nous voulons rassurer tous ceux qui pensent que l'on peut s'ennuyer sur un bateau : nous sommes dans une autre dimension temporelle car chaque tâche accomplie exige davantage de temps et de fatigue en raison des mouvements générés en permanence au bateau par la mer.
Recette à la gîte : Dorade de taille très respectable (pêchée la nuit dernière) cuisinée à l'orientale, accompagnée de pomme de terre rôties.
Nous avons parcouru le quart du trajet (soit 1000 km).
50 : c'est la quantité de bananes composant le régime acheté au Cap Vert et qui mûrissent toutes en même temps !!! Heureusement, elles sont délicieuses. Nous allons nous mettre au régime bananes!!!
11 décembre :
Concernant la répartition des quarts : nous sommes 3 donc 3 heures chacun. Claudie, qui est couche-tard prend le premier quart jusqu'à 2h du mat. Moi de 2 à 5 et Alexis de 5 à 8.
A 8h petit déjeuner pour tout le monde. Sieste à volonté en journée.
Étant donné qu'il y a TRES PEU de bateau (hier 1, aujourd'hui 0) et que nous avons un transpondeur, nous nous octroyons des plages de 30 minutes de sommeil durant les
quarts, dans la mesure où il n'y a pas de bateau en vu, et pas de voilure à régler. En outre, tous les voiliers vont dans le même sens...
Ce dimanche minuit, nous devrions avoir fait le tiers du parcours.
Recette à la gite : Butternut Cap Verdienne au safran, truffes et beurre salé au sel de Guérande accompagnée de ses saucisses cocktail. Omelette à la banane flambée au Rom des Canaries (rhum + miel).
29.1 : c'est la température de l'eau, en degré sur laquelle nous sommes en train de voguer.
12 décembre :
Bientôt une semaine que nous sommes sur l'océan, et le moral est au Top, Maris Stella aussi !
La journée a été un peu plus agitée que d'habitude car les Alizés se sont quelque peu renforcés.
En contre partie, la distance parcourue également.
Alexis médite en contemplant une lune ronde et bienveillante, à la verticale du bateau.
Claudie est plongée dans un des derniers roman de DAN BROWN: DECEPTION POINT.
Et, moi... je suis en train de faire une requête météo par téléphone satellite Iridium.
Ces dernières 24 heures, nous n'avons rencontré aucun bateau, mais nous savons que les "Autres" sont à quelques dizaines de miles autour de nous.
13, C'est le nombre de livres lus par nous trois depuis le départ.
Ce matin , c'est un calamar que nous avons retrouvé sur le pont. Alexis ne désespère pas d'y trouver un jour prochain, une Sirène...
Recette à la gîte: ouverture de boîtes de saladette Saupiquet ! C’est pas tous les jours Dimanche !!!
13 décembre :
De la voile à la galère :
La matinée a commencé avec une latte de grand voile qui sortait de son gousset. Très facile à réintroduire au port sans vent, là c'est 2h de galère allongé sur la baume avec une voile qui fassaye par 25 nœuds de vent et une houle de 4m.
1h après, le tangon de génois se désolidarise de sa ferrure de mat, l'extrémité libre balayant le pont façon danse de Saint Guy.
La journée a été une succession d'empannages dus aux changements d'orientations des alizés.
Début d'après midi, nous avons lutté contre notre premier grain qui implique un changement de cap, une réduction de voilure, avec des vents passant de 25 à 40 nœuds en l'espace de quelques secondes.
Fin d'après midi, une odeur suave et enivrante envahissait Maris Stella. Il n'a pas fallu longtemps avant de trouver la bouteille de grog du Cap Vert brisée par les mouvements de roulis qui se sont amplifiés ces dernières 24h.
1000 miles, c'est la distance parcourue depuis notre départ du Cap Vert.
Ce soir pour nous consoler, se sera pâtes.
15 décembre :
Donnez nous notre grain quotidien,
Les grains se succèdent au rythme de 3 à 4 par jour pour le plus grand plaisir d'Alexis qui se met alors en mode "loup de mer."
Zéro, c'est le nombre de bateaux (voilier et marine marchande) rencontrés ces 4 derniers jours.
Le compte à rebours a commencé, plus que 900 miles soit 1700km.
Hier à 15h nous étions à égale distance de la Martinique et du Cap Vert : 2000 km de chaque coté. A l'évocation de cette réalité nous avons tous été pris d'une angoisse existentielle.
La pêche c'est terminé ! Hier on s'est fait emporter 3 leurres car les poissons sont trop gros. On se rabat sur les sardines en boîte, merci petit navire.
Les journées sont bien structurées (quarts, cambuse, lecture, sieste, films, jeux, karaoké, entretien du bateau)
Toujours pas de mutinerie à bord ni de sirène.
Les réserves alimentaires diminuent mais restent largement suffisantes pour passer encore quelques mois en mer.
Hier Claudie à coupé les cheveux de Gilles à la tondeuse, c'est plutôt pas mal.
17 décembre :
300 000 000, c'est le nombre de scintillements, chaque nuit, dans le sillage de Maris Stella, liés au phénomène de luminescence du plancton.
Des surfs à 10 noeuds deviennent une situation courante avec le renforcement des Alizés.
L'équipage et Maris Stella vont bien.
Il nous reste 630 miles à parcourir (position 15°23'N ; 50°04'O) soit environ 5 jours de navigation.
Cela fait maintenant 6 jours que nous n'avons rencontré aucun bateau.
Hier soir un poisson volant a atterri dans le carré, à 50cm de l'assiette d'Alexis. Avant qu'il ne réalise l'inconfort de sa situation, nous l'avions déjà remis àl'eau.
Après 11 jours de navigation, aucune lassitude, aucune anxiété, mais une joie intérieure de concrétiser un vieux rêve.
Pour nous c'est l'heure de l'apéritif…
19 décembre :
Dimanche, jour de repos, pas pour les marins...
Hier, ce fut une succession de grains, accompagnés de fortes rafales, et de très fortes pluies, nous obligeant sans cesse à réduire la toile.
Le vent moyen est passé à 25/30 nœuds, et la mer est devenue grosse, avec des vagues de 5 mètres.
Mais Alexis tient bon la barre et tient bon le vent, Hisse et Ho! Tout va bien, on gère...
Personne n'est malade, et nous continuons à tenter de nous alimenter correctement.
Hier, nous avons observé un paille-en-queue qui tournoyait autour de Maris Stella.
les dauphins nous ont également accompagnés sur un bon parcours.
Zéro, cela reste le nombre de bateaux rencontrés ces 8 derniers jours.
Il nous reste 400 miles à parcourir
On commence à humer les acras et le ti-Punch...
21 décembre :
Il est 16h et il nous reste 140 miles à parcourir avant d'atterrir en Martinique, au Marin, prévu pour jeudi fin d'après-midi.
Nous avons essuyé beaucoup de grains ces 3 derniers jours, dont certains assez violents, 50 nœuds de vent durant 2 heures.
Nous avons pris un coup de fatigue, à cause de la météo qui s'est pas mal dégradée, et tout ce que l'on fait demande beaucoup d'énergie vue les mouvements du bateau.
Bref, nous avons hâte de voir la Terre.
Mais sommes ravis de l'avoir fait!!! Cette Transat!!!
A très bientôt pour de plus amples nouvelles.
Claudie, Gilles et Alexis
Un barracouda ! Mieux vaut éviter d'y mettre les doigts !
Des grains et des arcs
Le quotidien de la transat
les progrès sont flagrants
Aucune raison de se passer d'un sapin et d'une crèche
Des pancakes à l'arrivée
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