LE BONHEUR EST SUR L' EAU !
Au terme d’une semaine de navigation sans problème depuis Gibraltar, nous voici arrivés à Graciosa, une des 7 îles des Canaries.
A la sortie du détroit de Gibraltar, nous nous sommes fait cueillir par des vents portants de 30 à 40 nœuds nous autorisant des vitesses exaltantes et des surfs prodigieux sur la grande houle de l’Atlantique. Puis le vent est tombé à 10/15 noeuds,et c’est à une moyenne de 4 nœuds que nous terminons cette traversée.
Les vents peu soutenus ont cependant des avantages : ils permettent une vie quasi normale sur Maris Stella : peu de vagues, peu de gite, peu de roulis. D’autant que les températures ont été très clémentes tout au long de cette traversée - entre 22° et 27°, eau à 24/25° - Nous compatissons avec les Lorrains !!!
C’est cette vie à bord ainsi que nos états d’âmes que nous allons tenter de vous faire partager.
La notion de temps est totalement différente en mer, sur un bateau. En fait, nous vivons hors du temps, au rythme des quarts et du soleil. Le changement d’heure est passé totalement inaperçu car nous ne consultons que très exceptionnellement nos montres.
Nous tenons aussi à rassurer ceux qui se questionnent sur les possibilités de s’occuper sur un voilier.
« Pas le temps de s’ennuyer ».
Entre la lecture, la prise et l’analyse quotidienne de la météo par téléphone satellite Iridium, le réglage de la voilure, la cuisine, les repas, souvent à base de poissons pêchés à la traine, l’entretien du bateau et le peaufinage de l’usage de toute l’électronique du bord, la communication par radio avec des voiliers qui effectuent le même parcours que nous , mais que nous ne voyons pas (Il y a eu Jules, le Suisse, navigateur solitaire sur Douera qui va rejoindre sa fiancée, prof de danse salsa à Porto Rico; Cette famille de 5 personnes : les parents et leurs 3 filles sur Miss Océanis, avec qui nous avons échangé, entre autres, des recettes pour agrémenter nos bonites pêchées le jour même ; puis Grégoire et Delphine sur Vadrouille Family, lui kiné-ostéopathe et elle médecin anesthésiste, tous deux projetant de travailler au gré des offres dans les Dom Tom, tout comme nous.
Et puis il y a ces moments contemplatifs, si rares dans nos vies de terriens ; les levers et les couchers de soleil dont on ne se lasse pas ! Regarder la mer, comme on contemple un feu de cheminée, la relation avec les animaux (ceux qui nous connaissent comprendront !) ; les dauphins qui nous accompagnent parfois de longs moments, jouant avec l’étrave, et qui nous arrachent à chaque fois des cris d’émerveillement ; Les oiseaux, épuisés après de longs parcours en mer, qui se posent sur Maris Stella, bateau perchoir, parfois plusieurs heures durant , très peu farouches, investissant parfois l’intérieur - voir les photos - à qui nous offrons gîte et couvert sous la forme de mouches que nous chassons pour eux et qu’ils viennent béqueter, presque dans nos mains. A ce propos, il est un accessoire indispensable à bord, qu’aucun manuel de navigation n’aborde : c’est la tapette à mouches ! A ce jour, nous n’avons pas de réponse, mais c’est plusieurs dizaines de mouches qui embarquent quotidiennement, alors que nous glissons le long des cotes marocaines éloignées de plus de 70 km. Et les autres bateaux connaissent les mêmes joies…
Il y a aussi les heures plus studieuses, que nous mettons à profit pour travailler l’anglais et l’espagnol, langues qui nous seront bien utiles pour communiquer dans de nombreux pays. Un peu de sport également, car sur un long parcours, on manque quelque peu d’activité physique. Et si, par hasard, il nous reste du temps, eh bien nous regardons un film à la télé !
En résumé, nous (re)découvrons une vie sans stress et nous bannissons petit à petit certaines expressions de notre vocabulaire comme « il faut » ou « vite, vite » ou « dépêches toi ».